VAE 2025 : Reconnaissance garantie, orientation oubliée
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En 2022, la réforme de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) a été présentée comme une avancée majeure pour simplifier et moderniser l’accès à la certification. Grâce à la plateforme centralisée France VAE et à un parcours unique de validation, le dispositif promettait une procédure plus fluide et accessible à tous. Cependant, derrière cette modernisation se cache un manque : la disparition du service d’orientation, élément pourtant essentiel pour guider les candidats vers la certification la plus adaptée à leur parcours.
Un appui essentiel disparu
Autrefois disponible sur l’ensemble du territoire, le service de conseil VAE jouait un rôle crucial pour les candidats. Plus qu’un simple point d’information, il représentait un véritable guide, aidant chacun à identifier ses compétences et à choisir la certification la plus adaptée à son parcours et à ses ambitions. Ce soutien neutre permettait d’éviter des choix inappropriés et d’optimiser les chances de réussite.
Désormais, ce service n’est plus financé, laissant de nombreux candidats livrés à eux-mêmes. Faute d’accompagnement gratuit et impartial, ils se retrouvent face à une offre pléthorique de certifications, sans repères pour s’orienter efficacement. Cette situation entraîne deux conséquences majeures : l’abandon en cours de route pour certains et des choix mal éclairés pour d’autres, qui pourraient compromettre la valeur réelle de leur démarche.
Une alternative payante ou biaisée
Dans ce contexte, deux solutions subsistent : faire appel à un accompagnement payant, généralement de qualité mais inaccessible aux publics les plus précaires, ou s’adresser à des organismes qui ont un intérêt direct dans la certification. Ces derniers, qu’ils soient certificateurs eux-mêmes ou prestataires d’accompagnement VAE, orientent souvent les candidats en fonction de leur propre offre plutôt qu’en fonction de leurs besoins réels. Ce biais réduit la portée du dispositif et renforce les inégalités d’accès.
Un risque d’inégalités accru
Sans un cadre structuré pour le conseil VAE, la promesse d’un accès équitable à la certification s’effrite. Le dispositif favorise désormais ceux qui disposent des ressources ou des connaissances nécessaires pour s’y retrouver, tandis que les autres risquent de s’égarer dans un processus complexe et décourageant. Ce manque d’orientation pourrait transformer la VAE en un parcours réservé aux plus informés et aux plus autonomes, creusant ainsi un fossé entre les bénéficiaires potentiels.
En l’absence d’un accompagnement accessible et impartial, la VAE se retrouve à deux vitesses : d’un côté, les salariés ou demandeurs d’emploi bien informés qui ont les moyens de financer un conseil de qualité ; de l’autre, ceux qui doivent naviguer seuls, avec le risque d’abandonner faute de repères clairs. Cette inégalité dans l’accès à l’orientation nuit à l’esprit initial du dispositif, qui visait à offrir à tous une reconnaissance équitable des compétences.
Réhabiliter un conseil structuré et indépendant
Pour rétablir un équilibre et garantir l’efficacité du dispositif, il est impératif de redonner au conseil VAE sa place centrale. Cela pourrait passer par l’intégration d’un service de conseil indépendant au sein de la plateforme France VAE, ainsi que par la reconnaissance officielle d’opérateurs spécialisés, financés pour offrir une orientation neutre et adaptée aux besoins des candidats.
Les pouvoirs publics pourraient également envisager une refonte du financement de cet accompagnement, en instaurant une prise en charge spécifique pour les candidats issus de milieux défavorisés ou éloignés de la formation. Un partenariat avec les Régions, les organismes de formation et les structures d’orientation indépendantes permettrait de garantir une couverture plus large et plus équitable.
Le conseil VAE ne doit pas être perçu comme une option, mais comme un élément fondamental du dispositif. Sans lui, la VAE 2025 risque de devenir un parcours semé d’embûches, réservé à une minorité capable de naviguer seule dans un labyrinthe administratif et réglementaire. Il est temps d’agir pour garantir un accès juste et éclairé à la reconnaissance des compétences professionnelles.