Injustice dans la reconnaissance des compétences

Catégories : InformationsPublished On: 22 avril 2025

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La professionnalisation par l’expérience : Un écart insoutenable

En France, les politiques en matière de formation et de reconnaissance des compétences façonnent les parcours professionnels. Toutefois, cette dynamique est marquée par une inégalité frappante : celle entre ceux qui bénéficient de formations académiques et ceux qui, bien qu’ayant acquis une expertise sur le terrain, peinent à faire valoir leurs compétences. Si les discours sur l’égalité des chances et la valorisation de l’expérience sont omniprésents, la réalité est bien différente pour ceux qui aspirent à une reconnaissance officielle de leurs acquis professionnels.

Une inégalité flagrante dans les aides de l’État

Prenons d’abord l’exemple des jeunes en formation. Un lycéen ou un étudiant reçoit indirectement une aide d’environ 11 000 € par an de l’État pour soutenir ses études. Ce montant couvre tout, des frais de scolarité aux infrastructures en passant par le salaire des enseignants. Les apprentis, eux, bénéficient de près de 20 000 € par an dans le cadre de leur formation en alternance, subventionnée par l’État. Ces jeunes se voient donc offrir une réelle solidarité nationale pour réussir leur parcours.

En revanche, les travailleurs expérimentés – qu’ils soient en poste, demandeurs d’emploi, ou fonctionnaires – n’ont aucune aide directe pour la reconnaissance de leurs compétences acquises au fil des années. Pour valider leur expérience via la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), ils doivent compter principalement sur leur Compte Personnel de Formation (CPF), souvent insuffisant pour financer l’accompagnement nécessaire ou les frais de jury. Une situation d’autant plus désavantageuse pour ceux qui n’ont pas accès à des ressources supplémentaires ou à des soutiens financiers directs.

Un parcours semé d’embûches pour les travailleurs expérimentés

L’inégalité est encore plus marquée pour les fonctionnaires, qui se voient refuser la possibilité d’utiliser leur CPF pour financer une VAE à titre personnel. Cette exclusion ajoute une couche de complexité administrative et de barrière hiérarchique, rendant la reconnaissance de l’expérience professionnelle quasi inaccessibile. En d’autres termes, l’État offre une reconnaissance académique généreuse pour ceux qui choisissent un parcours scolaire classique, mais n’apporte aucun soutien à ceux qui ont, au contraire, forgé leurs compétences au sein de l’environnement professionnel.

Cette distinction crée un fossé flagrant entre la reconnaissance académique, souvent perçue comme supérieure, et celle des expériences concrètes, acquises sur le terrain. Une incohérence qui fragilise le système de formation professionnelle et la mobilité des travailleurs tout en renforçant les inégalités entre ceux qui ont eu accès à des parcours formels et ceux qui ont appris sur le tas.

La VAE : un potentiel sous-estimé pour l’égalité des chances

Il est grand temps que la VAE devienne un outil véritablement accessible à tous. Avec une meilleure reconnaissance et un soutien accru, la VAE pourrait non seulement répondre aux besoins de compétences dans de nombreux secteurs, mais aussi créer une dynamique d’ascension professionnelle pour des milliers de travailleurs. Loin d’être un simple complément aux formations traditionnelles, la VAE représente une réelle opportunité pour valoriser des parcours professionnels atypiques, améliorer la mobilité et pallier la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs.

Cela dit, pour que la VAE devienne une voie véritablement accessible, des mesures concrètes doivent être prises. Il est impératif que l’État alloue des ressources spécifiques, tout comme il le fait pour les formations académiques classiques. La mise en place de financements pour les travailleurs, quel que soit leur statut, est une priorité. Il est également essentiel de simplifier l’accès à cette démarche, notamment en supprimant les barrières administratives et en augmentant les montants du CPF pour les candidats à la VAE.

Une politique de formation à revoir pour plus de cohérence

Pour redresser cette inégalité, il est crucial que la politique de formation en France intègre réellement la reconnaissance des acquis professionnels comme une priorité nationale. Cela ne signifie pas que l’on doit négliger les jeunes en formation, bien au contraire, mais il est primordial que la reconnaissance de l’expérience devienne aussi un levier pour l’employabilité et la mobilité. En mettant l’accent sur les compétences acquises tout au long de la vie, la société pourrait en tirer des bénéfices substantiels tant en termes de dynamisme économique que de justice sociale.

Conclusion : L’urgence d’agir

À partir de 2025, les candidats à la VAE se retrouveront privés de certaines aides essentielles à la reconnaissance de leurs compétences. Plus de 30 000 personnes risquent de ne pas pouvoir bénéficier de ce droit fondamental. Il est donc impératif que des solutions immédiates soient mises en place pour permettre à ces travailleurs de voir leur parcours reconnu et validé à sa juste valeur. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons espérer un avenir professionnel plus égalitaire et plus respectueux de la diversité des expériences.

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